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A toi
Tes vêtements sont cousus par des enfants qui doivent travailler à l'âge où l'on découvre le monde.
Les ouvriers qui fabriquent tes affaires de sport et tes jouets ne voient pas la lumière du jour pendant une semaine, pissent en groupe dans un trou dans le sol et survivent avec 20 euros par mois. Ta voiture et ton équipement techno-beauf' sont bizarrement assemblés là ou il est permis d'exploiter des salariés sans droits et de polluer les 3 éléments -terre, eau et air- dans des pays où les vieux et les handicapés sont livrés à eux-mêmes et où les malades déshérités meurent faute de soin. Cette même voiture roule avec le pétrole qui pollue impunément les 5 océans et cause toutes les guerres géo-stratégiques que l'on connaît. Ce que tu manges est le plus souvent produit selon des procédés dévastateurs, qui détruisent la diversité du monde vivant, renient la variété des goûts et des cultures et annihilent des traditions séculaires. Tes meubles en Tek "si tendance" sont taillés dans des forêts millénaires, dévastées en quelques années par des exploitations vandales. Si tu es comme ça, c'est que tu habites en France, ou dans un autre pays occidental démocratique. Oh bien sûr, tu es probablement emprunt d'humanisme... Pourtant la société dans laquelle tu vies plébiscite le recel des richesses immoralement produites a l'échelle planétaire. En bref, le seul fait de faire ses courses à Carrouf' ou à Déca-thons a fait de toi un être abjecte. Il n'aura fallu qu'un demi-siècle pour que les investisseurs et décideurs apprennent comment faire endosser aux communautés sans défense les coûts de production de notre système économique largement immoral. Il suffit par exemple de délocaliser son usine dans un pays exploité (made in china), ou de faire appel à un fournisseur qui emploie ce genre de méthodes, pour se dispenser de donner à sa main d'oeuvre le système de retraite, de santé, d'éducation et de protection auquel tout le monde à droit. Il est devenu facile de se soustraire à ses nouveaux devoirs: traiter les déchets de son usine, sécuriser le travail de ses ouvriers, le transport des matières dangereuses. C'est certain, le monde part en vrille : pollution et destruction des ressources naturelles, exploitation des faibles, régression sociale, guerres, insécurité civile, coupes franches dans la variété des cultures et du vivant. On peut réprimer la révolte à l'échelle des états ou des citoyens, par des mesures policières ou militaires. C'est ce à quoi s'appliquent les acteurs du 20heures. Mais tôt ou tard, a force de regresser, cette civilisation mondialisée s'effondrera, abbatue par une broutille: un changement de climat, une épidémie, une religion nihiliste... Il faut bien comprendre que ces activités irresponsables sont encouragées par le système économique libéral. D'une part, celui qui emploie de telles méthodes augmente ses marges marchandes. D'autre part, celui qui achète ces produits accroît son pouvoir d'achat. Or le système existant résulte de la somme des comportements individuels. Son comportement n'est donc pas du tout rationnel: il dessert l'humanité. Comment corriger ce système sans entraver la liberté des acteurs économiques? Certains envisagent de taxer les marchandises produites selon les méthodes déloyales décrites plus haut, dans le but de rendre ces marchandises moins attrayantes vis à vis des produits d'une économie solidaire. Cette solution est assurément pire que le mal : - elle pénalise les plus pauvres d'entre nous. - elle ne dissuade pas les entrepreneurs aux activités malhonnêtes. - elle pervertit ceux qui emploie l'argent récolté: les états complices. - elle permet d'investir dans des mesures correctives et des substituts artificiels aux ressources gâchées plutôt que de s'attaquer aux racines du mal: Bientôt des forêts artificielles, de l'air en bonbonne, et le monde entier à l'armée du salut ! Il est temps d'imaginer une réelle évolution de l'économie. Pourquoi ne pas mettre en évidence les dépenses communautaires et laisser ces dépenses se réguler d'elles-mêmes par un système monétaire parallèle? Comment? En instaurant un deuxième prix et une nouvelle monnaie dans tous les échanges commerciaux. Grâce à ce deuxième prix, des mesures de rationnement relatives aux ressources communautaires (naturelles et humaines) peuvent être appliquées sur la production et la consommation. La valeur de ce deuxième prix serait calculé par un organisme démocratique, soucieux d'humanisme et de solidarité. Au regard du deuxième prix, tous les consommateurs toucheraient le même salaire : les pauvres comme les riches. Car si le mérite sociale et la richesse donnent des avantages, elle ne doit pas donner le droit d'exploiter ses contemporains et d'accaparer des ressources partagées. Cette proposition est viable: - Elle est relativement claire (il suffit d'en expliquer le principe), - Elle est relativement réalisable (les infrastructures de collecte des taxes et de contrôle des activités économiques pourraient être employées à cela) - Elle conserve le meilleur du système existant (la libre entreprise et toutes les autres libertés individuelles, la grande flexibilité et l'auto-optimisation de la société dans sa globalité), - Elle permet un assainissement en douceur de l'économie existante (le salaire parallèle initialement très élevé diminuerait petit à petit) par une décroissance tolérable des activités nuisibles, - Elle permet d'introduire des principes éthiques dans le fonctionnement économique. C'est à la charge de la démocratie (et pourquoi pas de la diplomatie internationale) de définir cette éthique qui nous manque tant aujourd'hui. - Elle redonne au monde politique le pouvoir perdu d'influer notre vie quotidienne. - Elle permet de résoudre de manière équitable des problèmes sociaux, environnementaux et de santé publique aussi variés que l'accès aux centre-villes et le tabagisme. Pourquoi seuls les riches (individus ou sociétés) auraient-ils le droit de circuler et de se détruire la santé? par Miellaby, paru le Mercredi 8 Janvier 2003, 14:19 dans la rubrique "Contre la fatalité".
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à 22:39