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Le futur du "laisser faire" libéral
Hier soir au journal télé :
- Un pétrolier fracassé souille la côte atlantique, les coupables restent impunis. - Les petites entreprises font faillite: fermiers, pêcheurs, routiers... Leurs marchés sont remportés par une nouvelle concurrence qui se moque des conditions de travail, de la sécurité des salariés, de la préservation des intérêts communs, de l'environnement, de la qualité de vie, etc. - Entre temps, les prisons se multiplient. On y enferme des mômes devenus ingérables après avoir grandis dans un environnement citadin devenu moyenâgeux... Comme chaque soir, le journaliste prend bien soin d'isoler ces évènements les uns des autres. Il s'applique à présenter chaque information hors de son contexte. Par ce travail minutieux, l'actualité prend une tournure dramatique, voire irrationnelle! Pas d'explication, seulement des impressions... On peut lire entre les lignes du prompteur: "C'est la fatalité", "On peut rien y faire"! Or ce genre de nouvelles se banalise. En dépit de sa tradition démocratique et humaniste, notre société est en pleine régression. Et tandis que notre patrimoine (social, culturel et environnemental) part en miettes, le journaliste télé préfère refuser le débat public. On nous fait bien comprendre que ce n'est pas à nous de réfléchir. Cela fonctionne tellement bien que les gens, qu'ils soient intelligents ou cultivés, deviennent "naturalistes". J'appelle "naturaliste" ce genre de personnage qui se plaît à répéter que notre monde est une jungle et qu'il faut laisser s'accomplir les lois naturelles (le gros mange le petit). Ces gens là deviennent très nombreux... du bon coté du mur. Pour un tel hypocrite, les pauvres méritent leurs conditions, que l'on parle de son petit cousin RMiste, du pays d'Afrique où a lieu son safari 4x4, des chinoises qui taillent ses survêtements de sport ou des prostituées-esclaves du bas de la rue. Le "naturaliste" considère également que les forêts primaires, les espèces vivantes sauvages et les cultures minoritaires sont amenés à disparaître "parce que c'est comme ca". D'ailleurs il s'en fout "parce qu'on ira sur une autre planète quand celle-ci ne sera plus vivable". Malheureusement, parmi les rares personnes qui se posent des questions, beaucoup se perdent dans d'étroits systèmes de pensée. D'un coté, les collectivistes, de l'autre les libéraux. Convaincus par leur doctrine, ces gens refusent d'en voir les méfaits, préférant ignorer l'histoire et l'actualité. C'est remarquable! Quelque soit ses convictions, le partisan confronté à l'échec de son système aboutit à une conclusion unique: cette fois-là, son système n'a pas été mis en place correctement. Ainsi, un communiste considère que les ex-gouvernements de l'URSS ne furent pas communistes. Tandis qu'un ultra-libéral accusent les pays occidentaux de ne pas être suffisamment libéraux. Quant à nos dirigeants actuels (journalistes, entrepreneurs, politiciens et autres technocrates...), ils préfèrent des raisonnements consensuels : la récession économique, la baisse du moral, le manque de repères, la fracture sociale, les méfaits de "l'état providence", ces gens qui ne travaillent pas assez parce qu'ils n'ont pas assez soufferts! On entend vraiment n'importe quoi! Il est temps d'explorer de nouvelles voies de réflexion. Les penseurs alternatifs, qu'ils soient d'ATTAC ou d'ailleurs, dressent le même constat. L'économie est déshumanisée, les acteurs sont immoraux, les richesses ne sont plus réparties, le pouvoir se concentre. Certes oui, mais pourquoi? A qui la faute? "Pourquoi?" voilà la question. Si l'homme n'est pas fondamentalement mauvais et si le mal ne paie pas, "pourquoi" notre situation ne s'améliore t'elle pas spontanément au lieu de se dégrader? A croire qu'il existe une conspiration mondiale à l'encontre de notre civilisation, comme le pensent certains extrémistes. Pour répondre à cette question, il suffit d'analyser l'actualité en se rappelant une vérité toute simple mais très importante, une vérité qui à elle seule explique toutes les dérives du système! "Le prix marchand n'intègre pas le coût communautaire." A vrai dire, cette brillante vérité n'est pas vraiment nouvelle. Mais peu de gens savent s'en rappeler pour démonter le raisonnement des experts... Or, avec ce petit diamant qui éclaire la pensée, le discours du journaleux peut être mis à nu. Quant aux nouvelles mesures politiques, dont on nous ressasse constamment les vertus, elles se révèlent à la fois absurdes et dangereuses. "Le prix marchand n'intègre pas le coût communautaire." Cette petite vérité paraît bien anodine. Pourtant, voilà l'oubli! Toutes les doctrines économiques l'ont oublié. Voilà la faille théorique du libéralisme! Voilà d'où naissent toutes les dérives du système! Prenons l'exemple des marées noires: pourquoi du pétrole transporté dans des navires pourris est-il acheté au détriment d'un pétrole "propre"? Parce que ce pétrole pollueur est moins cher sur l'étiquette! Parce que les lois du marché n'optimisent qu'une seule valeur: le prix marchand. Ces lois ignorent l'intérêt commun, les valeurs morales... Or on ne peut attendre que les gens deviennent incroyablement altruistes. S'il sortait un jour une essence labellisée "Transport sécurisé" mais plus chère, personne n'en achèterait sinon quelques intellos bourgeois comme moi. Par exemple, mes parents, qui ont pourtant trois véhicules, une maison, un bateau et un appartement au bord de la mer, n'en achèteraient certainement pas, de cette essence "bio". La responsabilité est donc ailleurs: En affrétant des pétroliers bons pour la casse, les compagnies pétrolières réduisent leurs coûts sur le dos du monde entier. Leurs prix de revient diminuent, mais toutes les côtes de tous les pays sont polluées par des hydrocarbures... Dans l'absolu, ces entreprises ne réduisent donc pas leurs coûts: elles les externalisent. Autrement dit, elles font payer à l'ensemble de la planète des coûts de production dont elles se débarrassent. D'un point de vue strictement marchand, les compagnies pétrolières en question semblent compétitives. Mais leurs activités n'en sont pas moins coûteuses, au contraire. Si l'on considère les dégâts des marées noires, on calcule évidemment qu'un transport maritime pourri coûte bien plus chère à la communauté qu'un transport sécurisé. Voila en quoi cet exemple illustre la dite Vérité. D'une certaine façon, les produits pétroliers ne coûtent pas ce qu'ils devraient. Si le prix marchand des produits pétroliers intégrait le coût des marées noires, on verrait mieux ce qu'il nous en coûte réellement! Cette démonstration s'applique à tous les maux de notre société. A la source de chaque problème, on trouve des procédés qui visent à reporter une partie des coûts d'une activité économique sur la communauté. Pour un entrepreneur, les procédés sont multiples. - délocaliser pour exploiter les inégalités entre nations, entre régions, - externaliser pour exploiter les inégalités entre entreprises, - renouveler et précariser sa masse salariale pour profiter du faible statut des nouveaux salariés. Les objectifs, eux, sont toujours les mêmes. - ne plus financer de système de retraite, de protection sociale, de système de santé, de congés, de procédures d'insertion des handicapés, des jeunes, des vieux, des femmes avec des enfants. - ne plus se préoccuper des conditions de travail de ses salariés, de leur santé, de leur confort. - ignorer leurs formations, leur avenir après leur emploi, s'en débarrasser après les avoir pressés comme des citrons. - abuser de contrats précaires, d'horaires morcelés, de pressions sur les employés. - choisir les procédés de production les moins chères sans se préoccuper d'en limiter la pollution, les déchets, la production de matériaux non-recyclables. - consommer des matières premières et de l'énergie non-renouvelables, au risque d'épuiser ces maigres ressources à court terme. - centraliser, automatiser, uniformiser... pour éliminer le facteur humain, trop coûteux. Ces méthodes sont très efficaces pour tirer sur les prix. Mais dans tous les cas, la diminution du coût marchand engendre une augmentation du coût global, celui encaissé par l'humanité et la planète entière. Là aussi, il faut bien souligner que les entreprises ne vont pas changer collectivement leur comportement. Instaurer une charte ne peut empêcher le système marchand libéral d'encourager et de sélectionner les procédés malhonnêtes au dépend d'une production humaniste et raisonnée des richesses. Nous sommes donc condamner à ce que les prix soient tirés vers le bas en même temps que les conditions de vie planétaire: Un futur plutôt effrayant! Le "laisser faire" économique appliquée aux lois du marchés conduit inéluctablement l'humanité à sa perte. Il n'y a rien de plus rationnel! Comment s'attaquer à ce problème? Voilà la question. par Miellaby, paru le Mercredi 27 Novembre 2002, 18:09 dans la rubrique "Contre la fatalité".
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