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Sauver le monde avec le prix G
En observant notre société avec un peu de recul, on peut rapidement se convaincre de l'existence du fameux "Système".

Ce système n'est pas le fait de lois et de règles clairement établies par un pouvoir central. C'est plutôt une orientation globale, qui émerge de la masse des individus, avec leur comportement de monsieur "tout le monde".

Or aujourd'hui, le contrôle de ce système nous échappe. Les politiques ne savent plus comment l'infléchir. Et voilà qu'il menace à présent les valeurs les plus nobles de notre société.

L'ultime sagesse, celle qui nous avait jusqu'à présent préservé de nous-mêmes, vole en éclats. Une misère absolue s'abat sur nos têtes. Dans un contexte de régression culturelle et sociale, le droit à la différence et à la diversité est sans cesse renié tandis que se généralisent le vandalisme environnemental et l'exploitation des faibles.

Je ne crois pas aux complots et aux puissances telles que l'imaginent les manipulateurs de l'opinion publique. En vérité, un tel système autodestructeur, personne n'en veut.

Mais ce constat est encore plus grave: l'emprise du système progresse de lui-même.

La théorie de l'économie libérale suppose que le développement économique et marchand va dans le sens des intérêts humains. Or plus la "mondialisation" devient une réalité, plus les méfaits du système s'aggravent.

C'est donc un fait que la belle théorie libérale souffre d'un "vice de conception" flagrant. Comprendre et résoudre ce défaut est la clef de notre salut.

L'explication est toute simple. Il existe une vérité oubliée qui démonte entièrement les théories économiques, et en particulier la théorie libérale. Cette vérité est la suivante : "Le prix d'une marchandise ne correspond plus à son coût réel."

Cette vérité, jusqu'à présent passé sous silence, ne peut plus être ignorée. L'écart entre la "valeur humaine" d'un produit et sa valeur marchande ne cesse de s'accroître.

Aujourd'hui, pour paraître compétitif aux yeux du marché, les entrepreneurs déportent le coût de leurs activités sur le dos la communauté. Cette "externalisation des coûts" peut se faire au dépend d'une petite communauté, d'un pays ou de la planète toute entière.

Par exemple, il suffit qu'une entreprise "X" délocalise son usine de production dans un pays exploité, ou fasse appel à un fournisseur qui emploie cette méthode. Elle se trouve aussitôt dispensée de payer un système de retraite, de santé, d'éducation et de protection dont tout être humain a droit.

L'entreprise "X" peut également se dispenser de traiter les déchets de ses usines, ou de sécuriser le travail de ses manoeuvres, ou d'assurer la sécurité du transport des matières dangereuses.

Tout est bon pour abaisser les coûts de production aux yeux du marché, les rendre inférieurs à ceux des concurrents, quitte à ignorer entièrement l'intérêt commun!

Non seulement la libéralisation économique, plébiscitée par les leaders mondiaux, interdit de pénaliser les acteurs de cette exploitation abusive des ressources humaines et environnementales, mais elle encourage de tels procédés.

Pour lutter contre ce dysfonctionnement économique, beaucoup d'écolos proposent "d'internaliser" le coût humain et environnemental qui est ignoré par le prix marchand d'un bien.

L'internalisation du coût consiste donc à taxer les produits nationaux ou importés qui coûtent à la communauté. Ce serait le cas, par exemple, du poisson pêché par des méthodes bon marché mais nuisibles à l'environnement. Ainsi ce poisson ne seraît pas préféré à un poisson prélevé selon des méthodes traditionnelles et durables.

Mais cette idée me paraît vraiment mauvaise pour des tas de raisons. D'une part, elle pénalise les plus pauvres d'entre nous. D'autre part, elle ne dissuade en rien les entrepreneurs aux activités malhonnêtes. Et pour finir, l'état se rend complice du système: Et oui! Que devient l'argent récolté? Serait-il gardé pour une grande cause, ou renvoyé dans les pays irresponsables?... Servirait il au développement de substituts artificiels aux ressources gâchées? Toutes ces solutions sont encore plus malsaines que le mal qu'elles combattent!

Une bien meilleure façon de lutter contre le "grand gâchis" pourrait consister dans la mise en place d'un mécanisme de rationnement. Quoi de plus légitime que de vouloir rationaliser l'exploitation des ressources communautaires : la main d'oeuvre, les matières premières non renouvelables, la nature, le patrimoine, etc?

C'est l'idée du double-prix: chaque produit n'a plus 1 prix, mais 2. Le premier prix permet de garder le système marchand existant, celui-là même qui a fait ses preuves au fil des siècles.

Le deuxième prix est là pour rationaliser le comportement des acteurs du marché. il est défini dans une monnaie spéciale de rationnement et représente le coût communautaire.

On ajoute donc au prix ordinaire en euros, un deuxième prix, que nous appellerons ici le prix G (comme global).

Contrairement au système libéral, le prix G est indexé selon un référentiel moral et rationnel, qui peut refléter les valeurs humaines et morales qui nous sont chères: le respect de l'environnement, la préservation du patrimoine, la qualité de la vie ou encore la santé publique.

Le système monétaire G est régi par des lois rigoureuses. J'en cite ici quelques-unes :

- Pour commencer, le prix G ne suit pas les lois de l'offre et de la demande. Pour chaque produit ou service sur le marché, le prix G est un prix fixé obtenu en totalisant le coût communautaire des matières premières, des fournitures, des procédés de transformation industrielles et agricoles, du transport, des dépenses en énergie non renouvelable, des prestations sociales non honorées, etc.

- De l'autre coté, tous les consommateurs, qu'ils soient pauvres ou riches, actifs ou inactifs, reçoivent quotidiennement le même salaire G.

En effet, si tous les êtres humains sont égaux en droits, et si le capital G de chacun représente le droit à prélever une part des ressources communautaires, alors tous les citoyens doivent percevoir le même salaire G. C'est une application directe des principes républicains.

Sous l'action du rationnement G, le fait d'être riche n'octroie plus le droit, par exemple, d'accaparer le littoral pour y construire d'hideuses propriétés, ni de tailler ses manteaux dans la fourrure d'espèces en voie d'extinction.

Attention, l'objectif du rationnement G n'est pas de restreindre artificiellement l'écart de revenus entre les couches sociales! Simplement, il retire aux plus riches le droit d'abuser du pouvoir de l'argent aux dépends de la communauté. Par contre, rien n'empêche un milliardaire d'avoir son Yatch dans chaque mer du globe. Il suffit que la fabrication des bateaux et les conditions de vie du personnel soient irréprochables d'un point de vue environnemental et social.

- Un organisme gouvernemental, évidemment indépendant, bien informé, compétent et démocratique, se charge de fixer le catalogue des prix G pour tous les procédés d'exploitation et de transformation agricoles, miniers et technologiques, mais aussi le transport, la consommation d'énergie, etc.

Bref toutes les étapes élémentaires d'un processus industriel sont répertoriées, de sorte que le coût réel d'un produit puisse être estimé de façon objective. Toutes les activités qui agressent le patrimoine écologique, social ou culturel sont lourdement pénalisées vis à vis des méthodes de développement dites "durables."

- Au fil des ans, le salaire G attribué aux consommateurs diminue progressivement. Ainsi, à partir de la mise en place du prix G, l'assainissement du marché s'effectue en douceur, pour finalement faire disparaître les procédés d'externalisation des coûts.

Il reste encore beaucoup à dire sur le rationnement G. Ce qui est remarquable, c'est que cette solution n'entrave pas le droit à la libre entreprise, à la capitalisation, à la liberté de consommer... Simplement, le rationnement infléchit ces activités pour les rendre cohérentes d'un point de vue communautaire.

Voilà. Les commentaires sont la bienvenue.
par Miellaby, paru le Dimanche 8 Décembre 2002, 19:35 dans la rubrique "Contre la fatalité".